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Un synode, pour quoi faire ?


Ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la vie de l’Eglise ont entendu parler du synode, réuni l’an passé, à la même époque, et de nouveau cette année. Le synode, dont le mot signifie « marcher ensemble », est une assemblée qui réunit régulièrement un certain nombre d’évêques du monde entier.

Le synode, réuni l’an passé et de nouveau cette année, tranche avec les synodes précédents, d’abord, parce que son thème est le synode – c’est donc un synode qui réfléchit sur lui-même, sur ce que veut dire faire synode –, ensuite, parce qu’il ne réunit pas que des évêques, mais aussi des laïcs, et a été précédé d’une large consultation de tous les chrétiens.

Cela a fait naître des attentes et des peurs. Certains attendent en effet que le synode prenne des décisions courageuses qui manifestent que l’Eglise est capable d’évoluer et d’être de son temps, tandis que d’autres ont peur qu’il ne soit qu’un réservoir d’idées plus ou moins bonnes qui risquent de compromettre la foi de l’Eglise.

Les uns comme les autres se trompent en réalité de cible. Car l’enjeu de ce synode n’est pas tant ce qu’il en sortira que ce à quoi il nous invite. Le pape François a d’ailleurs prévenu que le synode n’est pas un parlement, c’est autre chose. Il n’est pas une réunion d’amis pour résoudre quelques questions du moment ou donner des avis, c’est autre chose. N’oublions pas, disait-il, que le protagoniste du synode, ce n’est pas nous : c’est l’Esprit Saint. Il s’agit, avec l’aide de l’Esprit Saint, d’écouter et de comprendre les voix, c’est-à-dire les idées, les attentes, les propositions, pour discerner ensemble la voix de Dieu qui parle à l’Église.

L’enjeu de ce synode est d’inviter tous les membres de l’Eglise, quelle que soit leur place, là où habituellement ils vivent et pratiquent leur foi, à être comme continuellement en synode, à marcher tous ensemble, à discerner ensemble la voix de Dieu qui leur parle à travers les voix de tous, avec l’aide de l’Esprit Saint qui est le maître de l’harmonie, dit le pape, qui, avec beaucoup de différences, est capable de former une seule voix, avec beaucoup de voix différentes.

On ne pratique pas tellement cela dans la vie habituelle de nos paroisses, respecter et écouter ce que chacun a à dire pour discerner ensemble ce que Dieu nous dit. On se plie souvent à la majorité ou à la voix du plus fort. Mais la voix de Dieu est rarement celle de la majorité ou du plus fort. La voix de Dieu est plus subtile. Elle est dans l’harmonie des différences, si bien qu’on ne la discerne que si on laisse la place à l’Esprit Saint et si on s’accueille et on s’écoute les uns les autres.

Même si cela peut paraître théorique, on ne comprend quelles idées, quelles attentes, quelles propositions, quelles nouveautés sont selon le projet de Dieu que si on ne marche pas les uns à côté des autres, mais tous ensemble, et si avant tout on a des oreilles pour entendre, à travers beaucoup de voix différentes, ce que l’Esprit dit à l’Eglise (cf. Ap 2, 7).

Un synode, pour quoi faire ? Pour apprendre à faire davantage ce qu’on ne fait pas assez, et qui est pourtant la caractéristique de l’Eglise, une unique harmonie de voix, à plusieurs voix, opérée par l’Esprit Saint, dit encore le pape.